Après le disque « Concert 30 ans » qui fêtait l’anniversaire de Label Bleu, le contrebassiste Henri Texier s’est remis au travail et publie aujourd’hui ce « Sand woman » en quintet. Parmi les musiciens qui l’accompagnent on retrouve l’excellent guitariste Manu Codja (déjà présent sur « Concert 30 ans »), Vincent Lê Quang (saxes ténor et soprano), Sébastien Texier (sax-alto et clarinettes) et Gautier Garrigue (batterie). Henri Texier a choisi de puiser dans sa discographie sur le label JMS (de 1975 à 1979) des titres qu’il souhaitait réactualiser et auxquels il voulait « redonner une âme » (sic). On retrouve ainsi 3 morceaux : « Amir », « Les là-bas » et « Quand tout s’arrête » complètement transformés, tels le fameux « Amir » qui passe des 4’04 d’origine à 12’06… Inutile de préciser qu’il ne s’agit pas de remplissage mais d’un vrai travail de création en toute liberté. L’album comporte également un titre imaginé dans les années 90 ainsi que deux autres écrits récemment. Au total plus d’une heure d’une musique intense et riche, où les interventions de chacun sont un vrai régal. Écoutez le solo de guitare aérien et lumineux de Manu Codjia sur « Amir » ou sur le très bluesy « Hungry man »… ou le solo de batterie de Gautier Garrigue sur « Les là-bas ». Quant au feeling et au toucher d’Henri Texier avec son instrument fétiche, ils illuminent littéralement l’ensemble.
Voilà un album exceptionnel, sorti à l’occasion du concert anniversaire des 30 ans du label amiénois. Afin de fêter dignement cette date, le label proposait une carte blanche à ce musicien fidèle entre tous qui a enregistré une vingtaine d’albums sur label Bleu, à savoir le contrebassiste Henri TEXIER. Pour la circonstance, il était accompagné de quelques amis du jazz européen, de vieux compagnons de route comme Michel Portal, Bojan Z. mais aussi d’improvisateurs qui ont contribué plus récemment à l’histoire du label, comme Xavier de Pourquery. Sans oublier les talentueux Manu Codjia, Edward Perraud qui contribuent à leur façon à renouveler, prolonger l’esprit de ce label hexagonal si original. Un sextet de charme, chic mais choc, pour célébrer ce label créé par Michel Orier, qui fut la vitrine du jazz français et européen, s’ouvrit également aux musiques world avec la collection Indigo, avant de connaître de sérieuses difficultés financières. Mais fort heureusement, le label a redémarré, sous la direction artistique de Gilbert Fillinger et Benoît Delaquaize, proposant même actuellement un coffret de 10 LP, et profitant de Tendance Jazz, deuxième édition d’un festival lié à la Maison de la Culture d’Amiens. Inauguré par André Malraux, premier ministre de la culture, il y a juste 50 ans, elle appartient à ces créations de maisons de la culture qui fleurirent alors comme de nouvelles cathédrales, disait-on, propagèrent des formes artistiques diverses, danse, théâtre musiques…
L’album que l’on présente ici correspond au deuxième set du concert singulier et unique du 3 mars 2016. Enregistré live, mixé et masterisé par Philippe Teissier du Cros, il représente un document sonore de 7 titres sélectionnés avec soin qui retracent l’histoire récente de cette musique aimée. On ouvre l’album de souvenirs et on réécoute certains titres qui furent des tubes du contrebassiste breton au bonnet rond : ça démarre avec « Colonel Skopje »(1988) de l’album culte éponyme où le Français était accompagné -excusez du peu de Joe Lovano, John Abercrombie, Steve Swallow et Aldo Romano. Ajoutons un autre grand succès « Desaparecido » dédié aux femmes d’Argentine, titre que l’on retrouve sur un album formidable, An Indian’s Week que j’ai écouté en boucle à l’époque (1993) avec cet Azur quartet composé de Bojan Z, Tony Rabeson, Glenn Ferris et en guests Michel Portal et Louis Sclavis. Pouvait-on rêver de meilleur attelage pour conduire cette musique fièvreuse, vibrante, voyageuse, aventureuse? C’est que, tout au long de sa carrière, Henri Texier n’a cessé de créer des groupes différents, incorporant de nouveaux talents, faisant ainsi de belles rencontres musicales : le NORD SUD quintet, le STRADA sextet, actuellement le SKY DANCERS Sextet. Il a fait la musique de Holy Lola (2004) film de Bertrand Tavernier qui s’y connaît aussi en jazz : sur « Y’a des vautours au Cambodge » ? on entend Michel Portal au bandonéon, et Texier nous gratifie d’un solo émouvant. On aime aussi le « Barth’s groove » de 2002 de Strings’ spirit, avec le chef d’un bel ONJ, le guitariste Claude Barthélémy. On l’aura compris, écouter cet album « compil » est un régal de nostalgie qui souligne les qualités de ce contrebassiste impressionnant, chef de troupe, découvreur de talents, qui a toujours su s’entourer, un mélodiste inné maîtrisant timbres et sonorités de l’idiome jazz. Sophie Chambon
Henri Texier (contrebass)
Thomas De Pourquery (saxophone alto)
Manu Codjia (guitare)
Michel Portal (clarinette, clarinette basse, soprano-sax, bandonéon)
Segunda entrega de Daniel Zimmerman, músico francés, que admito no conocía y ha construido una reputación como trombonista renovador en una amplia gama de estilos. Fuera de la estela de un Samuel Blaser, solo por colocar al músico más conocido en este instrumento y contemporáneo al fin ; esta última producción como líder, demuestra un nuevo reto, luego de su exitoso “Bone Machine”. No hay hoja de ruta o manual a seguir aquí: solo un terreno salpicado que pide la pisada de una oreja aventurera. Sin amilanarse, se abocó a darle forma a las montañas rusas, que se yerguen imponentes en la tapa del álbum; usando el título como una declaración de intenciones de lo que vamos a escuchar. Para transmutar en música lo escarpado del paisaje con sus altos y bajos, su helada pasividad, su magia, el músico comienza la subida desde un camino que se bifurca con pertinencia; entre territorios donde el cuarteto da rienda suelta con aliento fresco a un juego de texturas sutiles. La complicidad melódica y protagónica que hay entre Pierre Durand y Daniel, conforman los climas y las mezclas del color. La voz del trombón crea líneas con cierto tono brumoso, donde brota un relato íntimo desnudando a un músico abierto, desprejuiciado y traspasado por su arte; mientras que en las cuerdas aparece el calado expresivo, la poesía, ideas renovadas en plena ebullición.
Creo que intentan conciliar distintas sensibilidades, y esa esencia se aglutina en el corte “Tiens aujourd'hui il ne fait pas Beau”, una delicatessen en donde el instrumento del líder toma prestado el sonido del Miles más apocado, con refinado lirismo poniendo en escena una gama de planos sonoros logrados con gran fuerza idílica. La oferta del cuarteto es sencilla y variada pero cargada de valor estético. Por cuestiones que van más allá del impacto que me provocó en la primera escucha y las reiteradas que le sucedieron, estamos ante uno de los discos más originales e inesperados de este año que se va despidiendo. Come on baby!!!!!