Label: Prado Records
Source: Citizen Jazz - Denis Desassis
Available on platforms April 22, 2016
C’est la passe de trois pour Festen et la confirmation des qualités d’une formation qu’on suit non sans enthousiasme depuis ses premiers pas. Après Festen en 2010 puis Family Tree en 2013, le quartet revient avec Mad System publié chez Prado Records et semble vouloir imprimer durablement au paysage musical français sa marque singulière.
Festen tire son nom du film homonyme du Danois Thomas Vinterberg : celui-ci raconte l’histoire d’une réunion de famille pendant laquelle un tragique secret sera dévoilé après avoir été nié. Le fils révèle en effet que sa défunte sœur jumelle et lui-même ont été violés par leur père qui finira par avouer son crime. On imagine le climat sombre qui règne tout au long de cette œuvre… Or, s’il n’est pas question de penser que la musique de Festen est imprégnée d’une pesanteur aussi étouffante, on remarquera néanmoins que Jean Kapsa (piano), Damien Fleau (saxophone ténor), Oliver Degabriele (basse) et Maxime Fleau (batterie) maîtrisent l’art de mettre leur musique sous tension, cette dernière étant parfois teintée de gravité, voire de noirceur. Ces quatre-là s’y entendent à merveille pour échafauder des scénarios prenant vie sous la forme de progressions au pouvoir hypnotique – ils cultivent à ce titre l’héritage du trio d’Esbjörn Svensson – par un cheminement menant de la méditation à une exultation symbole de libération. Un peu à la façon d’un boxeur montant sur un ring – le groupe a d’ailleurs réalisé récemment un clip autour d’une composition intitulée « Shadow Boxing » – Festen entre au cœur de sa musique dans une longue inspiration, prend la mesure du combat à mener, avant d’ajuster ses coups avec précision. Les compositions sont la plupart du temps courtes et porteuses de thèmes qui pourraient constituer, par leur chant et leur construction dynamique, la bande originale d’un road movie urgent dont les instants de calme seraient propices au retour sur soi.
Quatre des dix compositions de Mad System sont des reprises dont le choix ne doit rien au hasard. Le cinéma est comme toujours très présent avec « Day One » (le thème signé Hans Zimmer est tiré de la bande originale du film Interstellar), et « L’Arena » d’Ennio Morricone, qu’on retrouve aussi bien au générique du Mercenaire de Sergio Corbucci qu’à celui de Kill Bill Volume 2 de Quentin Tarantino. Et puis il y a cette fascination pour le rock américain, plutôt tendance grunge, voire hard rock, ici soulignée par la présence de « Sometimes » de Pearl Jam et de « My God Is The Sun » de Queens Of The Stone Age.
La musique très cinématographique de Festen – qu’on pourrait par conséquent qualifier de grunge jazz par son alliage de force, d’abord retenue puis libérée, et d’épure – est servie par des musiciens dotés d’une énergie à couper le souffle. La force de la rythmique, volontiers binaire et entêtante (« Black Rain »), est amplifiée par le choix d’Oliver Degabriele de privilégier la basse électrique. Le jeu de Jean Kapsa, dont on connaît la créativité en solo ou au sein du trio formé avec Antoine Reininger et Maxime Fleau, est tour à tour percussif (« Burning Head ») et virevoltant jusqu’au vertige (« My God Is The Sun »). L’entrelacement de ses motifs cycliques et des circonvolutions du saxophone dessine une géométrie entêtante. Damien Fleau, qui ne joue cette fois que du saxophone ténor, s’avère plus que jamais un narrateur captivant, passant avec beaucoup d’aisance de la confidence au cri. Il suffit d’écouter les sept minutes intenses de « Mad System », le sommet du disque, pour le comprendre et ressentir les premiers effets d’une drôle d’ivresse.
Le proverbe dit : « jamais deux sans trois », ce que confirme Mad System avec beaucoup d’aplomb. Mais ce n’est qu’un proverbe… On a surtout envie que l’histoire ne s’arrête pas là !
Festen tire son nom du film homonyme du Danois Thomas Vinterberg : celui-ci raconte l’histoire d’une réunion de famille pendant laquelle un tragique secret sera dévoilé après avoir été nié. Le fils révèle en effet que sa défunte sœur jumelle et lui-même ont été violés par leur père qui finira par avouer son crime. On imagine le climat sombre qui règne tout au long de cette œuvre… Or, s’il n’est pas question de penser que la musique de Festen est imprégnée d’une pesanteur aussi étouffante, on remarquera néanmoins que Jean Kapsa (piano), Damien Fleau (saxophone ténor), Oliver Degabriele (basse) et Maxime Fleau (batterie) maîtrisent l’art de mettre leur musique sous tension, cette dernière étant parfois teintée de gravité, voire de noirceur. Ces quatre-là s’y entendent à merveille pour échafauder des scénarios prenant vie sous la forme de progressions au pouvoir hypnotique – ils cultivent à ce titre l’héritage du trio d’Esbjörn Svensson – par un cheminement menant de la méditation à une exultation symbole de libération. Un peu à la façon d’un boxeur montant sur un ring – le groupe a d’ailleurs réalisé récemment un clip autour d’une composition intitulée « Shadow Boxing » – Festen entre au cœur de sa musique dans une longue inspiration, prend la mesure du combat à mener, avant d’ajuster ses coups avec précision. Les compositions sont la plupart du temps courtes et porteuses de thèmes qui pourraient constituer, par leur chant et leur construction dynamique, la bande originale d’un road movie urgent dont les instants de calme seraient propices au retour sur soi.
Quatre des dix compositions de Mad System sont des reprises dont le choix ne doit rien au hasard. Le cinéma est comme toujours très présent avec « Day One » (le thème signé Hans Zimmer est tiré de la bande originale du film Interstellar), et « L’Arena » d’Ennio Morricone, qu’on retrouve aussi bien au générique du Mercenaire de Sergio Corbucci qu’à celui de Kill Bill Volume 2 de Quentin Tarantino. Et puis il y a cette fascination pour le rock américain, plutôt tendance grunge, voire hard rock, ici soulignée par la présence de « Sometimes » de Pearl Jam et de « My God Is The Sun » de Queens Of The Stone Age.
La musique très cinématographique de Festen – qu’on pourrait par conséquent qualifier de grunge jazz par son alliage de force, d’abord retenue puis libérée, et d’épure – est servie par des musiciens dotés d’une énergie à couper le souffle. La force de la rythmique, volontiers binaire et entêtante (« Black Rain »), est amplifiée par le choix d’Oliver Degabriele de privilégier la basse électrique. Le jeu de Jean Kapsa, dont on connaît la créativité en solo ou au sein du trio formé avec Antoine Reininger et Maxime Fleau, est tour à tour percussif (« Burning Head ») et virevoltant jusqu’au vertige (« My God Is The Sun »). L’entrelacement de ses motifs cycliques et des circonvolutions du saxophone dessine une géométrie entêtante. Damien Fleau, qui ne joue cette fois que du saxophone ténor, s’avère plus que jamais un narrateur captivant, passant avec beaucoup d’aisance de la confidence au cri. Il suffit d’écouter les sept minutes intenses de « Mad System », le sommet du disque, pour le comprendre et ressentir les premiers effets d’une drôle d’ivresse.
Le proverbe dit : « jamais deux sans trois », ce que confirme Mad System avec beaucoup d’aplomb. Mais ce n’est qu’un proverbe… On a surtout envie que l’histoire ne s’arrête pas là !
Day One
Black Rain
We Are
Burning Head
She Wants To Dance
Sometimes
Mad System
L'Arena
Grizzly
My God Is The Sun
Black Rain
We Are
Burning Head
She Wants To Dance
Sometimes
Mad System
L'Arena
Grizzly
My God Is The Sun
Damien Fleau - sax
Maxime Fleau - drums
Jean Kapsa - piano
Oliver Degabriele - double bass
Maxime Fleau - drums
Jean Kapsa - piano
Oliver Degabriele - double bass