« Je suis à cette heure dans le pays des fougères, dans une ville qui devrait être pieusement visitée par les peintres, dans une ville qui a un vieux château flanqué de vieilles tours les plus superbes du monde, avec des moulins à eau, des ruisseaux vifs, des rochers, des jardins pleins de roses, des rues à pignons qui montent à pic, des églises hautes et basses, de vieux buffets de bois luisant dans les boutiques, toutes sortes de vieilles architectures rongées de lierre. J’ai vu tout cela au soleil, je l’ai vu au crépuscule, je l’ai revu au clair de lune, et je ne m’en lasse pas. C’est admirable. » (Victor Hugo, lettre à son épouse, 22 juin 1836).
Bien entendu, Victor Hugo parlait de Fougères, ville fortifiée aux marches de Bretagne, la plus grande forteresse médiévale d'Europe et la mieux conservée. Après lui, j'écrirai de Maxime Fougère: je ne m'en lasse pas. C'est admirable.
En effet, après un premier volume de ses Guitar reflections consacré à Duke Ellington, auteur d'un album fameux " Piano reflections " joué sans son orchestre, voici que Maxime Fougères se penche sur l'œuvre du plus grand compositeur de Jazz depuis la mort de Duke Ellington (Stan Getz dixit), Wayne Shorter.
Suivant le judicieux précepte d'Oscar Wilde, les goûts du citoyen Maxime Fougères sont très simples. Il se contente du meilleur.
Une des merveilles du commerce de la musique, c'est que, pour les enregistrements, une truffe noire vous est vendue au prix d'un champignon de Paris. C'est le cas de cet album qui n'est pas vendu plus cher que de la soupe ordinaire alors qu'il s'agit d'un mets de choix.
Compositions de Wayne Shorter, Maître en déséquilibres, interprétations sans saxophone par 3 jeunes musiciens fluides, gracieux, réfléchis. Même quand ils ne jouent pas du Wayne Shorter (" Havona " de Jaco Pastorius, n°4, " Heads up " et Wayne's way " de Maxime Fougères, n°5 et 7, " Barracudas" de Gil Evans, n°8), vous avez l'impression d'en entendre.
Pour autant, c'est bien la griffe de Maxime Fougères qui est posée sur cette musique.
" Les miroirs feraient bien de réfléchir avant de nous renvoyer notre image " (Jean Cocteau). C'est bien ce que font Maxime Fougères, Yoni Zelnik et Antoine Paganotti. Ils réfléchissent avant d'agir. Quant à l'image qu'ils nous renvoient, elle est superbe.
At the Fair
Juju
Deluge
Havona
Heads Up
Iris
Wayne's Way
Barracudas
Night Dreamer
Oriental Folk Song
Maxime Fougères: guitare électrique, compostions (5 & 7)
Yoni Zelnik: contrebasse
Antoine Paganotti: batterie