Compositrice ambitieuse articulant des langages empruntés autant à l’histoire du jazz qu’au domaine contemporain, Alexandra Grimal s’avance en trio avec deux de ses complices de l’Orchestre National de Jazz : Sylvain Daniel à la basse et Éric Echampard à la batterie. Créé en 2016, commande de la Scène nationale d’Orléans, kankū dévoile une œuvre singulière et contrastée se déployant en autant de paysages sonores fascinants. Alexandra Grimal est une personnalité intense, à la fois spontanée et réfléchie. Son engagement dans la musique est total. Chaque projet est pour elle l’occasion de se mettre au défi de trouver la forme d’expression la plus acérée et singulière qui soit. Son univers est peuplé de références au zen, à la calligraphie, aux arts martiaux et de manière plus générale à la pensée philosophique issue de l’orient. Cela se traduit par une attitude d’humilité associée à une recherche d’efficacité, de puissance et d’énergie vitale. Le phénomène musical est vu par cette artiste à part entière comme un chemin vers la transformation de soi. Lorsqu‘elle compose, Alexandra Grimal, s’attache à la manière d’un peintre abstrait à faire émerger au travers des lignes mélodiques un monde sonore inouï. La musique de kankū révèle, au sens plein du terme, un imaginaire bouillonnant et ultra-sensible : le chant des oiseaux, les paysages chinois, la violence des guerres « invisibles », une femme sur la banquise, une supernova, autant de flashes poétiques qui sous-tendent et amplifient l’interprétation. Ces images ne sont pas pour autant illustrées de manière figurative mais donnent à la compositrice un support pour l’invention et constituent un langage commun avec ses deux partenaires qui viennent colorer, innerver leur jeu. Enfin, la forme globale de l’œuvre n’est pas non plus laissée au hasard. Alexandra Grimal a imaginé différentes plages musicales écrites vers lesquelles les musiciens sont chargés de muter progressivement via l’improvisation. Elle nomme elle-même ces plages, des « plateformes » ou des « îlots », à l’image d’une cartographie ancienne, représentant le monde de manière allégorique, ou encore aux « stations » d’un parcours initiatique. Un parcours de trois musiciens devenus voyageurs immobiles dans un monde fantasmagorique.
Après avoir arpenté les scènes de 4 continents avec des projets aussi variés que Bratsch, Macha Gharibian, le Bruit du [sign], Sibiel ou Volo, Théo Girard sort le premier album en son nom, entouré du trompettiste Antoine Berjeaut et du batteur britannique Seb Rochford (Sons of Kemet, Polar Bear, …) 30YearsFrom est un projet qui évoque les prémices, l’étincelle première, la naissance. Comme l’explique Théo Girard : « J’ai grandi dans un environnement musical, ma mère était costumière free-lance pour l’opéra et mon père était le violoniste fondateur de Bratsch) et jouait également dans des groupes free comme le Celestrial Communication Orchestra. Dans ce premier disque je rends hommage à des groupes dont j’ai partagé longtemps la scène et qui comptent pour moi (Waiting for Ethiopia on a Bosphorus bridge pour le bruit du [sign], La poésie des camions pour Sibiel, Théâtre du Soleil pour Bratsch). Je fais également référence à un lieu familial (Dassaud), à une rencontre décisive (1993), à des fantasmes (NYC to Philly, Tom & Jerry), à mon 4e anniversaire (The 6th part of the cake) ou encore aux musiciens de ce trio avec le titre éponyme 30YearsFrom. Il y a enfin une dédicace spéciale à mes fils (La traversée du pont par le chameau). » Jusque là, Théo Girard était plutôt habitué aux écritures collectives. La dernière en date, G!rafe, est « un groupe rock qui rend toute son urgence à la poésie rare du poète et musicien réunionnais Alain Peters » selon les Inrocks et dont Télérama à souligné la « relecture électrisante des textes du génial Alain Peters ».
Avec 30YearsFrom, il change de direction. Il peaufine un écrin pour sa contrebasse : il invite à une musique entièrement écrite avec son instrument de prédilection pour mettre en lumière la poésie propre aux bassistes « dont les lignes dessinent de longues courbes servant le panache des solistes de Jazz, et dont le groove peut dialoguer avec le flow des MC’s » Son inspiration vient du Hip Hop, du Jazz, mais aussi des musiciens qu’il a convoqués pour monter ce trio. Des artistes au son chaud dont le métal, le souffle et les peaux enveloppent et brusquent un peu le bois de la grande dame. Antoine Berjeaut, trompettiste qui a monté son projet Wasteland avec Mikke Ladd (slam) puis Beat Scientist avec Makaya McCraven (bt) et Junius Paul (b) à la frontière du hip hop et du jazz. Son son sec et son phrasé granuleux sont à l'image de la couleur que j'entends pour le projet. Il est aussi membre actif du Surnatural Orchestra et des Julien Lourau Groove Retrievers. Sebastian Rochford, batteur entre autre d'Acoustic Ladyland et Sons of Kemet et fondateur du groupe Polar Bear, est un musicien britannique multi-récompensé (BBC jazz award, Mercury Prize) pour son jeu et sa musique. Il développe des rythmiques de transe sans aucune barrière stylistique. Théo Girard
At the age of 30, I created a solo album called 30 years later. I modified the name to better represent this new trio project which is a continuation of what I started 9 years ago. Time flies, full with experience, and this is the right moment to share this music. After a decade of intense touring schedule, I want to recover the artistic responsibility of a band so as to spend some time with the melodies I have in my head and build a song book synthesis of influences and experiences. In my daily practicing, I’m really influenced by 50’s and 60’s jazz and 90’s U.S. hip hop, that’s what I want to highlight with 30YearsFrom. A compact, dry and woody orchestration with double bass, trumpet, & drums that can sound mainstream and also contemporary jazz at the same time. It gives a great place for the musician’s inventivity from one hand and use of virtuosity and silence in the other hand. I think there is a poetry in the bass as an instrument : in the 50’s jazz, bass lines draw long curves to serve the soloist’s prestige. I would like to share this poetry with the band. To play with me, I looked for musicians who share this hybrid culture able to have a keen sense of time and rhythm.
Sebastian Rochford (drums) is one of my principal inspiration for this band. Drummer in Acoustic Ladyland, Sons of Kemet and Polar Bear’s leader, he’s a british multi-awarded musician (BBC jazz award, Mercury Prize) we can also listen live with Patti Smith, Rokya Traoré or Andy Sheppard. He developes trance’s rhythmics without any stylistic barrier. Antoine Berjeaut (trumpet) and I were student at the same place and time years ago. His dry sound and his granular flow represent the colour I’m looking for. He’s leader of Wasteland with Mike Ladd at the border of hip hop and jazz, he is an active member of Surnatural Orchestra and Julien Lourau’s Groove Retrievers and last but not least starts a collaboration with Makaya McCraven (dms) from Chicago.
1. 30YearsFrom 03:05
2. Dassaud 04:23
3. 1993 03:59
4. La traversée du pont par le chameau 02:56
5. Tom & Jerry 03:12
6. Waiting for Ethiopia on a Bosphorus bridge 05:54
